vieillir, c'est comme habiter sur une presqu'île dont l'isthme devient de plus en plus étroit, submergé de plus en plus souvent par les marées.

Le courage de sortir devient de plus en plus absent, communiquer devient un effort surhumain : il faut se laver, ranger sa maison, autant de trucs rasoirs et épuisants...

Quand on sort quand même, on prend de grandes claques : de gens se moquent de vous, alors même qu'on ne les connait pas ou qu'on ne leur a jamais fait de mal... alors, la prochaine fois, c'est encore plus dur !

Les femmes vieilles qui se maquillent, qui gardent la ligne, qui se font bricoler par des chirurgiens... sont de femmes qui savent qu'il faut construire une forteresse pour tenter de rendre invisible cette horreur insupportable : la vieillesse ! Pour moi, c'est de la triche et du mensonge. (et en plus ça coute cher !!!). C'est sans doute pour cela qu'elles veulent des pensions de réversion, des retraites bien trop copieuses, alors qu'il vaudrait mieux se dépouiller petit à petit et laisser la place aux jeunes.

Mais elles savent que, si elles renoncent au pouvoir, si elles relâchent la pression sur leurs Tanguys et Tanguettes, elles seront probablement jetées aux orties... enfin, je veux dire, mises en maison de retraite, ou abandonnées à leur triste sort.

J'aimerais que les jeunes apprécient le fait que je ne leur coûte vraiment pas cher (minimum vieillesse) et m'en soient reconnaissants. C'est le contraire, car, s'ils n'osent pas agresser les vieux ayant du pouvoir et de l'argent, une vieille comme moi est une proie bien plus facile !

humilier une vieille qui n'a rien fait, quelle revanche !

Les medias désignent souvent la vieillesse comme ennemie... (il faut bien détourner l'attention et mettre à l’abri nos "gentils entrepreneurs" qui ne sont plus depuis longtemps d'"affreux patrons capitalistes" ... ) - toutes les discriminations (racisme, sexisme, jeunisme, etc.)servent ainsi à détourner l'attention du vrai problème : le fonctionnement du système au profit d'un tout petit nombre, servi servilement par des bandes complices (hauts et moyens fonctionnaires, qui font fonctionner le système).

Ces ennemis désignés vous remercient, vous les puissants : non seulement ils sont pauvres, mais en plus on les agresse !